top of page

Parapluie

(PR) – « Objet portatif constitué par une étoffe tendue sur une armature pliante à manche, et qui sert d’abri contre la pluie », voilà ce que nous dit le Robert concernant un objet qui ne vous semblerait peut-être pas mériter un « mot ». En effet, dans quatre jours, ce sera l’été, promesse de beau temps de soleil, de « parapluie » rangé au vestiaire. Et pourtant, les raisons ne manquent pas de s’intéresser à ce « pépin », qu’il s’agisse de la météo mais, aussi, de la politique !


   Première question, pourquoi parler de « parapluie » alors que ce jeudi 20 juin à 22h51 – heure de Paris – commencera le « solstice » qui devrait nous ouvrir les portes de l’été et nous débarrasser, le plus possible, de tout ustensile nous protégeant de cette pluie que nous avons tant connue ces derniers mois ? Parce que la météo ne semble pas très favorable et que si les nappes phréatiques se portent mieux, cela ne veut pas dire que nous allons ranger très vite notre « pébroque »…

   L’ami Antoine Furetière, dans son « Dictionnaire universel » de 1690, avait, lui, une définition très simple du « parapluye » : « C'est la même chose que Parasol, qui sert à deffendre de la pluye aussi-bien que du Soleil. » Ce n’était pas faux, bien évidemment, et surtout pour le parasol, encore plus lorsque l’on sait que les gentes dames de la Cour redoutaient surtout que le soleil vienne hâler leur doux visage contrairement aux « manantes » qui trimaient dans les champs…

   Après cette remarque, revenons au « parapluye » : Furetière ne savait peut-être pas qu’un artisan parisien (en dépit de son nom…) Jean Marius, fabricant entre autres de bourses à fermetures, mettait alors au point un engin avec un tissu de taffetas vert engommé pour le rendre imperméable, doté d’un système permettant de le replier et de l’accrocher à la ceinture !

   L’astuce de Marius fut de se rendre à Versailles, et faire en sorte que Louis XIV accepte une démonstration. Le roi, pourtant « Soleil », fut impressionné et publia un décret de « privilège », une sorte de brevet garantissant un monopole à l’astucieux inventeur. Précurseur des campagnes de publicité, celui-ci fit imprimer des affiches dans tout Paris où l’on voyait deux personnes s’abritant sous un « parapluye à porter dans la poche ». Encore mieux, il obtint un article dans le « Mercure galant », sorte de « Paris Match » d’aujourd’hui.       

   L’objet connut beaucoup de succès, même s’il n’était pas abordable pour le simple citoyen. L’inventeur du paratonnerre, Benjamin Franklin, s’étonna en 1767 lors d’une visite dans la capitale française que « tant d’hommes et de femmes aient sur eux un parapluie pliant »… Et en 1769, selon la revue historique spécialisée « Hérodote », un service de « parapluies publics » fut créé à Paris. On ne sait pas ce qu’il en advint vint ans plus tard lorsque l’heure fut à la Révolution. Il n’y avait pas de « parapluie » pour se protéger de la guillotine qui « pleuvait » sur les têtes…

   L’expression « se réfugier sous son parapluie » est courante dans tous les domaines. On a beaucoup entendu parler, ces derniers temps, du « parapluie nucléaire américain » censé protéger les pays membres de l’OTAN, mais dans lequel Stalpoutine menace de faire des trous…

   Pour les caricaturistes, mettre un homme politique sous un parapluie est habituel. Par exemple, Laurent Fabius, premier ministre lorsque le « Rainbow Warrior » fut coulé en Nouvelle-Zélande par des « agents » français, fut représenté avec un parapluie et des palmes… Pour avoir annoncé dernièrement son retour prochain en politique, François Hollande a eu droit à dessin sous un parapluie, en souvenir du « déluge » lors de son intronisation à la présidence !

bottom of page