Pandore
(PR) – « Instrument de musique, à cordes pincées, de la famille du luth, en usage aux XVIe et XVIIe siècles », nous dit le Robert. Tiens, ce n’est pas ce que je pensais trouver comme définition. Mais si je rajoutais « boîte » à ce mot ? L’ami Antoine Furetière, dès 1690, donnait la référence que je cherchais : « On dit aussi en proverbe, La Boëte de Pandore, pour dire la source de tous les maux qui sont dans le monde ». Nous y voilà, car l’actualité nous montre que la « boîte de Pandore » est bien ouverte en 2024…
Dans son « Dictionnaire universel », Furetière nous explique pourquoi cette expression a vu le jour : « Ce qui est fondé sur une fable, où les Poëtes feignent que Jupiter avoit enfermé tous les maux imaginables dans une boëte bien close, qu’il donna à Pandore, femme d’Epimethée, après luy avoir recommandé de ne la pas ouvrir : mais comme elle manqua d’obéïssance, tous les maux à son ouverture se répandirent sur la terre ».
Rien de surprenant que, pour Furetière et la tradition, ce soit une femme qui ait ouvert cette boîte – en réalité, une grande jarre – où, dans sa grande bonté (pour une fois…), Zeus-Jupiter avait tenté de préserver le monde de tous les travers possibles. Après tout, n’est-ce pas également une femme, Eve, qui, en mangeant une pomme, a soulevé le couvercle de tout ce qui a pu nous arriver comme emm…dts par la suite, et il y en a eu !
Mais Il faut toutefois le reconnaître en consultant l’Histoire, la vraie, ce sont pratiquement toujours des hommes qui ont ouvert la boîte qu’ils avaient devant eux, laissant échapper ce qu’il fallait pour ne pas laisser leurs contemporains vivre en paix. Ils agissaient par appétit du pouvoir, par volonté d’agrandir leur « royaume », ou d’imposer leur religion ou leur idéologie.
Sans remonter plus loin que le siècle dernier, on peut mettre dans l’immense liste des « pandore » ayant déclenché tous les maux possibles, des tyrans comme Staline, Hitler, Mao Tsé-toung. Ils ont mis à feu et à sang leurs pays et tant d’autres, et provoqué la mort de dizaines de millions de leurs contemporains.
De nos jours, on peut se demander si Stalpoutine, en déclenchant la guerre en Ukraine, n’est pas à ranger dans la liste des nouveaux « pandore », ramenant la guerre dans une Europe qui pensait ne plus jamais la voir sur son continent. De plus, son acoquinement avec Kim Jong-il ne signifie rien de bon lorsque l’on sait que le dictateur familial de la Corée du Nord n’arrête pas de gesticuler avec ses essais atomiques ou de missiles de tous types.
Et puis, il y a dans le pays qui a produit (entre autres) Louis XIV et Napoléon Ier, lesquels ont, à leur manière, soulevé le couvercle de la boîte de Pandore de leur époque, un jeune président de la République venant de laisser sortir de la boîte tout un tas de « maux » qui, s’ils ne sont pas forcément prometteurs de tragédies, laissent présager des jours potentiellement agités comme la France en connaît de temps à autre – mai 68 ou les « gilets jaunes ».
Emmanuel Macron, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a permis à des phénomènes inhabituels de surgir au premier plan de l’actualité. Quelques exemples ? Un dirigeant politique, Eric Ciotti, le « Niçois qui mal y pense », en est arrivé à « squatter » le siège de son propre parti… Un autre, insoumis des insoumis, mériterait bien le surnom de « Maolenchon » pour avoir « purgé » de son parti celles et ceux mettant en doute son autorité, mais veut gouverner le pays !
En fait, en ouvrant la boîte de Pandore, Emmanuel Macron a d’abord remis au goût du jour un jeu que l’on connaît dans toutes les fêtes foraines depuis le Moyen-Âge : le « chamboule-tout »…