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Gésept

(PR) – Ne cherchez pas ce mot dans les dictionnaires de référence, Larousse et Robert, ni d’ailleurs chez l’ami Antoine Furetière – et pour cause – puisqu’il s’agit de la retranscription phonétique de l’acronyme désignant la réunion d’un « groupe » avec sept participants, qui va se tenir cette semaine en Italie, du 13 au 15 juin. Depuis 1975, on a pris l’habitude de ce genre de « sommet » réunissant, à l’origine, les pays les plus « avancés » de la planète.


   Le pourquoi du comment de ce genre de réunion ? La guerre du Kippour – ou du Ramadan pour les pays arabes – déclenchée le 6 octobre 1973, avait très vite provoqué une crise pétrolière qui risquait de déstabiliser les économies des pays occidentaux, donc celle du monde entier. Dès 1974, des rencontres informelles eurent lieu entre représentants des leaders des pays concernés, ceux qui assuraient l’essentiel du monde occidental.

  A l’époque, on a d’abord parlé d’un « library group », référence à la bibliothèque de la Maison-Blanche où se tenaient des réunions discrètes entre ceux qui deviendraient vite les « sherpas », autrement dit les collaborateurs préparant le terrain pour les « premiers de cordée »… Le principe de situer ces rencontres à un plus haut niveau fut obtenu par Valéry Giscard d’Estaing lors d’une visite à la Martinique, en décembre 1974, du président Gerald Ford. Pour la petite histoire, je me souviens d’une photo reprise par toute la presse montrant les deux présidents discutant au bord de la piscine d’un hôtel de luxe où ils avaient le temps de penser aux malheurs du monde – au moins de son économie…

   Une année plus tard, en novembre 1975, un premier « sommet » fut organisé au château de Rambouillet. Le roi François Ier y avait trouvé la mort en 1547, mais cela n’a pas empêché les chefs d’Etat et de gouvernement de six pays occidentaux – Allemagne, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni – de se réunir pour tenter d’élaborer des réponses concrètes aux nouvelles données économiques que le monde connaissait.

   On en était là aux balbutiements de cette tentative de coordination mondiale, et dès l’année suivante, ce qui n’était qu’un sommet à six devint le vrai « Gésept » avec l’inclusion du Canada dans ce forum représentant alors les deux-tiers du « PIB » mondial. A la même occasion, on réserva un strapontin d’observateur au président de la Commission européenne. L’habitude fut prise que l’on se retrouve chaque année dans un pays différent. Mais rien de formel pour ce « club » des plus ou moins « grands » de ce monde !

   Après la chute du Mur de Berlin en 1989 et celle de l’Union soviétique, la Russie (alors fréquentable…) fut intégrée progressivement au groupe, et en 1997 on a pu parler alors de « Géhuit ». Cela n’allait pas perdurer, puisqu’en 2014, en mettant la main sur la Crimée, le président Poutine allait commencer à retirer son pays de ce cercle des pays qui ont une conception commune de la liberté et de la démocratie.

   On peut (on doit) se demander ce que représente aujourd’hui le « Gésept » ? Et, surtout, y-a-t-il besoin de ces rencontres dont il ne sort souvent pas grand-chose ? Jacques Chirac avait essayé, lors du « Gésept » d’Evian en 2003, d’ouvrir largement la participation à ces discussions en invitant des pays importants comme la Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud, au point qu’on en était au « Gévingt » – on s’en est aperçu à l’aéroport de Genève…

   Le choix d’Evian n’était pas suspect à commentaires. Cette année, le « Gésept » a lieu dans les Pouilles, où la « Sacra Corona Unita », cousine de la « Camorra »,  n’a pas très bonne réputation…

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